Portrait
Par Cedric Sadai
Publié il y a 2 ans
12 ans après: l'art engagé d'Escif perdure
Escif est un artiste de réputation mondiale originaire de Valence. La simplicité et la subtilité de son approche contrastent avec la puissance de son message. Un message désormais délivré de manière innovante.
Nous avons interviewé Escif en 2009. À l'époque déjà, nous trouvions touchante et séduisante son approche faite de messages chargés politiquement mais délivrés de manière candide.
Lors de cette entrevue, Escif nous partageait la manière dont il voyait son travail: "Je vois mon travail dans la rue comme une sorte de peinture d'art contemporain moderne, inspiré par le mouvement graffiti, mais qui ne se ferme pas pour autant dans ses clichés. J'ai commencé à peindre dans la rue il y a presque 12 ans et j'essaie à chaque fois de me débarrasser de mes biais et de me libérer".
Depuis lors, Escif a clairement continué de repousser ses limites. Il a par exemple mené des expérimentations avec la 3D et la réalité virtuelle, comme celle développée pour le projet LASCO en 2018 au Palais de Tokyo à Paris. Comme le montre la vidéo ci-dessous, l'idée était de faire une "vandalisation virtuelle" du musée au sein d'une application appelée ironiquement "Tokemon Go", référence au succès VR d'il y a quelques années Pokemon Go.
Plus récemment, il réalisait cet impressionnant court métrage pour la sortir de son dernier print.
Escif avait aussi une vision claire des émotions qu'il souhaitait susciter chez les spectateurs:
"J'aime susciter le débat chez les gens qui observent mes peintures. Ca ne m'intéresse pas qu'on les qualifie de jolies, ni qu'on dise que je me débrouille bien. Je préfère provoquer la réflexion du spectateur. Il est vrai que j'essaie de créer un monde parallèle, un peu surréaliste, mais j'essaie d'y insérer des symboles et des connections de manière à ce que chacun puisse y insérer son propre dialogue et ses propres histoires."
Un chemin auquel le Valencian est resté très fidèle, puisqu'il continue d'utiliser son talent pour sensibiliser le public sur des sujets contemporains, historiques, voire sur des problématiques locales comme nous pouvons le voir dans quelques uns de ses projets récents:
La plaza es nuestra
"La place est à nous" honore les valeurs de résistance du peuple de Sant Feliu de Llobregat (près de Barcelone), qui a empêché il y a trente ans la construction d'une station-essence souhaitée par le gouvernement de Franco, en plantant puis cimentant un arbre en plein milieu du terrain.
Credit: Clara Antón
We are the forest
Ce projet à Berlin met en lumière le problème de déforestation, une cause importante dans l'activisme d'Escif.
Ce projet fut chapeauté par Positive Propaganda, une association basée à Munich qui promeut l'art social et politiques dans les espaces urbains.
"165 kilomètres carrés de forêt tropicale vitale du Brésil à l'Indonésie sont ravagés chaque jour afin d'étendre des plantations gigantesques de monocultures de soja et d'huile de palme. (...) tout cela pour que l'on puisse acheter des produits à des prix ridiculement bas."
Escif
Rewild
Ce projet fut réalisé en collaboration avec "Splash and burn", une initiative centrée autour de l'amplification du problème de l'huile de palme et ses conséquences sur l'environnement. Il s'agissait également de mettre en lumière la déforestation sur l'île Indonésienne de Sumatra, et ses effets catastrophiques sur la vie sauvage.
Une de ses installations les plus marquantes met en scène un signe indiquant un retour en arrière, signe directement ancré dans le sol d'une des plantation d'huile de palme en cours de reforestation.
Ce travail a mené à la création d'un court métrage:
"L'idée du retour en arrière est une invitation à se reconnecter avec nous-mêmes; de recouvrer notre discernement et notre respect pour le terre, qui est partie fondamentale de notre écosystème."
Escif